La vigne a été implantée dans la région dès le IVème siècle, notamment à proximité du Tarn.
La charte de Nizezius mentionne des vignes, sur Moissac, au VIIème siècle.
Au moyen âge, la présence de vignobles est encore attestée. En effet, lors de fouilles sur l’habitat rural médiéval dépendant de l’église Saint-Pierre du Bousquet à Vacquiers, des sarments de vigne ont été retrouvés dans le fossé de ceinture.
Le castrum de Vacquiers a été donné à l’abbaye de St Sernin par les seigneurs de Vacquiers, apparentés aux seigneurs de Villemur, au début du second millénaire (vers 1080). Cette cession comprenait aussi la forêt, les terres et les droits sur les terres et les gens. Les abbés de Saint-Sernin partageaient à part égale les revenus du territoire avec le curé de l’église locale Saint-Saturnin (Sant-Sarnin en occitan). Cette puissante abbaye accumulait les richesses grâce aux donations des Toulousains et des pèlerins, mais aussi par l'exploitation de ses nombreuses propriétés dont celle de Vacquiers qui lui procurait les ressources de la forêt (bois, gibier) et de la culture, dont le vin.
En 1122, la vigne est attestée à Fronton.
Même si, en 1218, une partie de Vacquiers fut cédée à la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Fronton, l’abbaye de Saint-Sernin resta présente sur la commune. La commanderie créa un port à Orgueil pour augmenter la diffusion des vins de Fronton. Il est d’ailleurs probable que le vin de messe de la basilique Saint-Sernin à Toulouse provenait de Vacquiers.
Le compoix de 1701 indique que la quasi-totalité de vignes appartient à l’hôpital de Vacquiers, aux marguillers de la table du purgatoire du village, ainsi qu’à de nombreux notables, bourgeois ou autres grands propriétaires dont beaucoup ne résident pas à Vacquiers.
En fait au XVIème siècle, la vigne n’était qu’un élément de polyculture de subsistance car la vigne n'occupait environ que 5% des sols. Au milieu du XVIIème siècle, sur les terrasses du Tarn, elle reste peu répandue.
A partir de 1695, la vigne va devenir un élément essentiel de l’économie.
A Vacquiers, en 1785, l’abondance de vin fut telle que les agents du curé n’eurent d’autre choix que de décuver la production à plusieurs reprises. Le curé dut faire porter 12 grosses de vin (terme spécifique à Toulouse et Montauban, représentant une futaille d’une contenance de 635 litres) à Fronton pour la faire distiller en eau de vie. Il ne retira de cette affaire que 50 livres, soit 2 sols le péga (3,1682 litres).
C’est à partir des chefs-lieux des deux anciennes commanderies de Lavilledieu et de Fronton que la plantation de vignes s’est développée.
Le vin de Fronton (et communes avoisinantes dont Bouloc qui avait une forte production), bien que de consommation courante, était de meilleure qualité mais supportait très mal le transport. De fait, nombre de bourgeois exploitants de vignes possédaient un négoce à Toulouse, la ville étant le principal débouché pour ce vin. Dans le frontonnais peu d’eau-de-vie était produite. Toutefois, des tonneaux pouvaient être parfois acheminés vers Bordeaux à partir du port d’Orgueil.
En 1786, les curés de Vacquiers étaient tenus de faire par moitié la réparation des cuves pour prendre la moitié des fruits décimaux (redevance frappant tous les revenus agricoles et viticoles des paroissiens).
Sur le cadastre de Vacquiers de 1818, nombre de terres sont destinées à la vigne. Ensuite la majorité des terres cultivables furent plantées en vignes. Mais les guerres napoléoniennes firent perdre le marché hollandais, ce qui mit un terme à la production d’eaux-de-vie. La crise du commerce colonial ferma d’autres débouchés.
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, le vignoble ne progressa plus : le privilège bordelais (mesures de défense du vin bordelais qui empêchaient l’acheminement des vins du Sud-Ouest vers le grand port de l’Atlantique et son embarquement ) puis les guerres napoléoniennes ou les péages excessifs ont affaiblit les débouchés de la viticulture et la plantation de vigne a connu un arrêt.
Après la levée du privilège bordelais, le vignoble local se développa à nouveau car le protectionnisme des vins girondins, alors exportés vers l’Europe entière avait pris fin. Les vins de Fronton purent enfin être exportés via Bordeaux par gabarres navigant sur le Tarn, à partir de Villemur.
En 1845, le vignoble fut attaqué par un champignon, l’oïdium. En 10 ans, grâce à la technique du soufrage, le mal fut jugulé. Le vignoble français connut alors une décade de croissance et d’opulence.
Mais de 1861 à la fin du XIXème siècle, les vignobles français furent touchés par le phylloxera, maladie issue des ceps venus des Etats-Unis. Après bien des recherches, on identifia la cause de cette maladie « des feuilles sèches » : un puceron de moins de 0,50 mm, par colonies, suçait les racines des ceps jusqu’à épuisement total de la sève.
Sa prolifération lui permit localement de ravager 30 kilomètres de vigne en un an.
Ici comme dans le monde entier, le phylloxera entraîna dans les régions viticoles des dommages incalculables, forçant des milliers d’exploitants à la faillite et à l’abandon de leurs domaines (les terres phylloxérées se vendaient une bouchée de pain, interdisant à leur propriétaire d’acheter des nouveaux plants). L’abandon des sols consacrés à la vigne pour des cultures fourragères, l’exil pour certains vers l’Algérie, l’Argentine, le Chili ou vers les cités industrielles demandeuses de bras. Des villages entiers désertés, des paysages remodelés dans des régions entières.
Enfin il fut observé que, dans des domaines touchés, les plants américains étaient plus vigoureux et résistants. Il faudra beaucoup de temps et de recherches pour faire admettre une innovation inévitable : replanter de la vigne américaine.
Malheureusement la majorité des diverses variétés de vignes américaines donnait un goût foxé au vin (odeur d’urine de renard) peu propice aux palais des clients. C’est alors que l’on réinventa la greffe : le parasite restait présent mais devint non dommageable pour les vignes.
Il était temps car en 1879 la production globale du vignoble français chutait des ¾ par rapport à avant ce phénomène calamiteux. Alors put commencer, à la fin du XIXème siècle, le pénible et coûteux travail de reconstitution du vignoble.
En 1894, lors de la troisième exposition des vins et eaux-de-vie, organisée à Toulouse par la Société d’agriculture et le syndicat professionnel agricole de la Haute-Garonne, un lauréat du village est mentionné.
L’abbé Olivier de Vacquiers, propriétaire et producteur, obtint le prix de Vermeil dans la catégorie « Vins rouges du commerce».
Ses vignes étaient probablement vers La Bourdique et Le Ticol où ce nom figure encore sur un pigeonnier.
Après 1900, avec le phylloxera, la physionomie du vignoble fut bouleversée : dans le Midi de la France, le vignoble a déserté les coteaux pour s’installer dans les plaines. La vigne disparaît définitivement dans le bassin parisien et dans certaines régions du Centre et du Sud-Ouest.
Il faut malgré tout mentionner les bénéfices qui ont découlé de cette calamité :
• meilleur choix des cépages,
• naissance d’une viticulture moderne qui passe du mode extensif au mode intensif,
• replantation en ligne avec des écarts plus grands entre les rangs pour faciliter les traitements tractés,
• réduction importante du nombre de pieds à l’hectare,
• généralisation du palissage sur fil de fer,
• rendement du vignoble nettement amélioré, …
La redécouverte des bienfaits du greffage fut également très positive quant à l’amélioration de la qualité des vins.
Toutefois, l’évolution de la viticulture et de son rendement entraîna une nouvelle surproduction en 1907 dans le Frontonnais comme dans tout le « Midi » avec ses conséquences dévastatrices.
Depuis le terroir viticole a un peu diminué, se limitant aux terres trop ingrates pour d’autres cultures car Vacquiers s’est orienté vers la polyculture. Mais grâce aux efforts tenaces des vignerons, le vignoble local s’est fait une renommée.
Le sud-ouest de la France est le second plus grand bassin calcaire de France, après le bassin parisien.
Localement, les vins de Vacquiers tirent leur richesse d’une vraie diversité de terroirs :
• argilo calcaires au sud-est du village (mollasses jusqu’au Girou), terroirs aussi appelés « terre fort »,
• et, la plus grande part du vignoble, de type alluvial au nord-ouest (éboulis d’anciennes terrasses du Tarn au quaternaire).
Les terrasses fluviales de la vallée du Tarn sont constituées de trois terroirs argilo-calcaires parfaitement adaptés à la viticulture :
• Les boulbènes : alluvions composées de galets, graviers, sables et limons,
• Les rougets : sols argilo-limoneux,
• Les graves : nombreux cailloux et graviers en surface reposant sur de profondes assises d’argile.
Le terroir de Vacquiers est à une altitude moyenne de 200 mètres (la plus haute terrasse du frontonnais) ce qui, allié à plus de 2000 heures d’ensoleillement par an, à un régime de pluie modéré et au vent d’autan assainissant la vigne et favorise la récolte de raisins de qualité.
Il est à noter que le promontoire de l’église de Vacquiers délimite le territoire géologique du Lauragais sur son versant sud, des terrasses alluviales du Tarn sur son versant nord.
Les vins de Vacquiers, comme tous les vins de l’AOP Fronton, se caractérisent par le climat local et les cépages de son vignoble.
Le cépage Négrette fait aujourd’hui la plus grande originalité du vignoble. Ce cépage, rarissime au niveau mondial, aurait été ramené de Chypre par les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il était aussi dénommé « Mavro », signifiant noir en grec, mais plus probablement, … est-ce tout simplement un cépage endémique de la vallée du Tarn ?
Les coopératives de Fronton et Villaudric, mises en œuvre respectivement en 1947 et 1949, ont contribué à trouver de nouveaux débouchés pour le vin local.
La crise due aux gelées de 1956 et 1957 a été catastrophique pour le vignoble frontonnais mais les vignes ont été replantées.
Dans les années soixante, l’orientation fut donnée à des vins de plus grande qualité. Vers 1975, les vins blancs avaient totalement disparu ; ils reviennent désormais mais n’ont pas encore droit à l’appellation « Fronton », celle-ci étant réservée aux rouges et rosés. Le rosé assure fraîcheur et convivialité. Les vins rouges sont souvent un assemblage de Négrette avec de la syrah, du cabernet franc ou sauvignon,…
Sur Vacquiers un chemin de randonnée permet de s’initier aux arômes de fruits, fleurs, épices et autres notes caractérisant les vins du terroir. A vous de les découvrir…
Depuis 1975, les vins de Vacquiers ont rejoint l’AOC Fronton (Appellation d’Origine Contrôlée), aujourd’hui complétée du label européen AOP (Appellation d’Origine Protégée), dont le vignoble couvre 20 communes sur le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne.
Vacquiers est la commune la plus au sud-est de l’AOC et 120 vignerons pratiquent leur art du vin sur l’appellation.
A Vacquiers, 14 vignerons pratiquent une viticulture raisonnée respectant le cahier des charges strict de l’AOP.
Depuis 2005 et à fin 2021, trois se sont progressivement tournés vers l’agriculture biologique.
La commune comporte 170 hectares de vigne en plus des 1 300 hectares de céréales. Les 20 hectares situés au sud du village ne font pas partie de l’AOP Fronton.
Le rendement des vignes reste bas parmi les vignobles du sud-ouest mais ce n’est là que la volonté d’une recherche permanente de qualité plutôt que de quantité. On pratique chaque année des vendanges vertes (sacrifice d’une partie des grappes pour permettre un meilleur développement des baies restantes).
D’ailleurs des viticulteurs du village continuent à recevoir des distinctions au niveau national pour leur production.
Venir à Vacquiers c’est avoir la certitude de contempler un vignoble millénaire traversé par de nombreux sentiers de randonnées et des petites routes de campagne au charme champêtre, le tout reposant sur une terrasse ensoleillée du Tarn dont les coteaux flamboient au soleil couchant.
Et…, en parcourant ce vignoble, n’oubliez pas que des millions, voire des milliards, de champignons et de bactéries devenus inoffensifs, constituent un monde grouillant de vie sous les ceps de vignes et sous vos pieds !
Chaleureuse reconnaissance à Marc Pénavayre, viticulteur du village, qui a fourni les précieux éléments sur le terroir, la Négrette et le vin de Vacquiers.
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